Association Intercommunale des Eaux du Mormont (AIEM)

Le chlorothalonil, c’est quoi ?

Le chlorothalonil est l'un des pesticides les plus répandus dans le monde. C’est une substance phytosanitaire qui n'a ni couleur, ni odeur et dont on se sert comme fongicide. À ce titre, elle est admise depuis les années 70 dans les produits phytosanitaires. Le chlorothalonil est utilisé dans différents domaines d'activités, comme par exemple dans la culture des céréales, des légumes, de la vigne et des plantes ornementales.

Par effet de ruissellement, des traces de chlorothalonil sont retrouvées dans l’eau potable. La substance s’infiltre dans les eaux souterraines, à différents endroits du réseau, des captages à la distribution.

Quels risques?

L’Autorité européenne de sécurité des aliments et, en Suisse, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, ont constaté dans leur évaluation des risques, qu’un danger pour la santé ne peut être exclu pour certains métabolites du chlorothalonil. Ils peuvent être potentiellement cancérigènes. Depuis août 2019, ils ne doivent plus dépasser la valeur maximale de 0,1 microgramme par litre.

Les exigences requises pour l’homologation des produits phytosanitaires contenant du chlorothalonil ne pouvant plus être remplies, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) a finalement interdit, en décembre 2019, l’utilisation du chlorothalonil avec effet au 1er janvier 2020.

Toutefois, cette interdiction est suspendue depuis le 27 janvier 2020, suite à un recours déposé auprès du Tribunal Administratif Fédéral.

Dès son application stricte, l’interdiction d’utilisation du chlorothalonil devrait avoir pour effet un recul progressif de la contamination de l’eau potable, bien qu’il soit difficile, à ce jour, de se positionner sur la durée de sa présence dans nos ressources en eau.

En Suisse, les exigences de qualité pour l’eau potable étaient déjà très élevées et les pesticides et leurs métabolites sévèrement réglementés. Ainsi, selon l’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) : « les consommateurs peuvent continuer de boire de l’eau potable dans laquelle on a détecté des métabolites du chlorothalonil. Les exigences fixées pour l’eau potable en Suisse sont très élevées » .

L’eau de l’AIEM

Créée en 2007, l'Association Intercommunale des Eaux du Mormont (AIEM) gère aujourd’hui l'alimentation en eau potable des communes d’Eclépens, Ferreyres, La Sarraz, Orny et Pompaples. Totalement autonome, l’AIEM a pour mandat principal d’assurer l'adduction, le stockage et la distribution d'eau potable aux cinq communes membres.

L’eau distribuée provient de deux ressources : le captage de la Cressonnière, dans le Vallon d’Engens, et le puits de Cinq-Sous, situé dans la plaine à l’Est d’Eclépens. Pour le premier, l’alimentation se fait par infiltrations dans du calcaire fissuré. Pour Cinq-Sous, l’eau est puisée dans la nappe phréatique.

Depuis toujours, les sources d’eau alimentant le réseau de l’AIEM sont contrôlées par des spécialistes. Les analyses de micropolluants, effectuées aussi bien sur le réseau que dans les deux captages, n’ont jamais révélé de problème particulier.

Les analyses chimiques s’intéressent à la composition naturelle de l’eau et à ses équilibres (dureté, sels minéraux, oxygène dissous), ainsi qu’aux substances indésirables (fer, cuivre,....) ou toxiques (plomb, cadmium,....). Globalement, tous les échantillons prélevés sur le réseau de distribution au cours de l’année 2019 ont répondu aux exigences légales pour les paramètres chimiques et microbiologiques analysés par le chimiste cantonal.

Mais avec l’évolution des normes fédérales pour le chlorothalonil, les métabolites doivent désormais être dosés. Ce qu’a fait l’AIEM durant le printemps 2020 dans le captage de la Cressonnière et au puits de Cinq-Sous, avec des résultats contrastés.

Si pour le captage la concentration de chlorothalonil est en dessous du seuil de détection, pour le puits de Cinq-Sous la concentration de R471811 est trois fois supérieure à la norme. Un résultat qui n’est toutefois pas alarmant, puisque la plupart du temps l’eau distribuée provient essentiellement du captage de la Cressonnière, sans problème de micropolluants. Ponctuellement, c’est l’eau du puits qui alimente le réseau, sans conséquence connue.

À ce jour, il n’y a aucun risque à court terme pour la population, qui peut continuer à consommer l’eau provenant des captages actifs.

Projets en cours

Si dans l’immédiat l’AIEM ne peut pas modifier cette situation, l’Association ne reste pas les bras croisés. Par le passé, elle a déjà éradiqué de nombreuses substances indésirables de son eau potable.

Actuellement, la problématique du chlorothalonil a été ajoutée au nouveau plan directeur de distribution de l’eau (PDDE) en cours d’élaboration, celui-ci sera mis en œuvre dans un délai de deux ans.

Il est à noter que le problème posé par la présence du chlorothalonil à des concentrations élevées dans la nappe phréatique ne peut être résolu sans de gros investissements (purification totale de l'eau puis reminéralisation).

Si l'eau provenant des captages de la Cressonnière est aujourd’hui exempte de chlorothalonil, son utilisation est malheureusement épisodiquement interrompue. La faute à une charge trop élevée en particules (turbidité) ne permettant plus la désinfection par ultra-violets. C'est lors de ces épisodes que seule l'eau de la nappe phréatique est injectée dans le réseau, faisant monter la concentration en chlorothalonil.
La solution actuellement à l'étude propose de filtrer l'eau de la Cressonnière pour que l'alimentation du réseau se fasse, pour l'essentiel, avec de l'eau ne posant aucun problème.

Ainsi l'eau distribuée respectera les normes en vigueur, en tout temps. Ce projet est intégré dans le Plan directeur de la distribution de l'eau.

L'évolution de la situation sera mise à jour au fur et à mesure de l'avancement du PDDE et sera publiée sur notre site.